On aime se ranger dans des boîtes.
Quand on réfléchit sur soi ou qu’on parle de psychologie et de santé mentale de manière générale, on aime pouvoir se dire :
« Ce que j’ai, c’est CECI. »
ou…
« Ce que je suis, c’est CELA. »
Comme si le fait de se ranger dans une catégorie ou une classification avait quelque chose de rassurant.
(Et Dieu sait qu’il y a de quoi faire en psychologie !)
Mais là, attention. Parce que c’est un sentiment qui peut prendre deux formes.
Il y a le côté rassurant de se dire :
« J’ai un truc connu, donc il y a des solutions connues, donc je vais pouvoir trouver quoi faire et m’en sortir. »
Ça c’est moteur dans la thérapie.
C’est une attitude orientée vers le changement et qui marque un certain détachement vis-à-vis du trouble ou de la souffrance en question.
Mais il y a aussi le côté rassurant de se dire :
« Ça me fait du bien de me définir en tant qu’individu à travers des choses palpables, comme mon trouble, et d’en faire une composante de mon identité. »
L’humain aime pouvoir se définir à travers des éléments concrets.
Cela représente parfois même une démarche active, notamment quand un domaine de notre vie n’est pas au beau fixe et qu’une certaine estime de soi a besoin d’être retrouvée.
Et en effet, il arrive que l’on soit tenté de se définir à travers la souffrance que l’on vit, et d’autant plus si celle-ci s’inscrit dans un tableau clinique connu et défini (une pathologie, une personnalité, un trouble, etc.).
Mais c’est là que la dimension vicieuse de la chose rentre en jeu.
Parce qu’autant comme il est bon de reconnaître sa souffrance (dans le sens productif), autant cela crée ici des résistances à avancer dans la thérapie.
Se défaire de son trouble devient un danger, parce que cela revient à se défaire d’une part de soi, ce qui peut faire peur.
C’est là que la personne se demande souvent :
« Mais si j’arrête d’être CECI, si j’arrête de faire CELA, je suis quoi ? »
Plus notre souffrance occupe une place importante de notre identité, de notre personne, plus le vide qu’elle laissera en partant pourra sembler grand.
Un sentiment d’impuissance (ou une faible estime de soi, à nouveau) peut alors inciter à penser qu’on ne trouvera rien pour combler les espaces.
Identifier ce genre de dynamique permet de mieux comprendre les difficultés que l’on peut avoir à se séparer d’un trouble.
Pour cause, on s’y est en quelque sorte « attaché ».
Pour aller plus loin, on peut même dire que certains troubles sont bénéfiques parce qu’ils procurent le sentiment d’appartenir à un groupe, à une communauté, rassemblée autour d’un objectif commun, ce qui est épanouissant en soi.
Mais quelque part, cela motive à s’ancrer dans son trouble, et pleinement l’intégrer.
Se sentir lié à d’autre personnes fait du bien, et s’éloigner de sa souffrance peut alors être vécu comme un éloignement vis-à-vis de ces nouvelles connexions qui nous sont chères…
Je n’irai pas jusqu’à dire que chacun tire les autres vers le bas.
Trouver du soutien (par exemple dans des groupes de parole) est essentiel dans ce genre de situation.
Mais garder cette idée en tête permet tout de même de rester vigilant vis-à-vis du double-tranchant de cette attitude.
En bref, elle est vraiment ambivalente cette question du label en psychologie.
C’est pourquoi j’invite toujours à la précaution vis-à-vis des termes qu’on utilise, tant pour se décrire soi-même que pour décrire les autres.
Ne pas se ranger dans une catégorie, ce n’est pas nécessairement passer à côté d’une information ou d’une possibilité d’aller mieux.
Tant que l’individu reste au centre du processus, l’essentiel est là.
En tout cas, on peut en parler ensemble.
N’hésite pas à me contacter ou à directement prendre rdv pour une consultation en ligne si tu en ressens le besoin.